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Publié par Jean-Jacques LATOUILLE

La Haine est là, entretenue par le président de la République et des médias serviles

 

 

Après les propos quasiment fascistes du président de la République qui tendaient à créer une déchéance de citoyenneté, après que des soignants qui s’étaient engouffrés dans la stigmatisation puis la ségrégation des non-vaccinés à qui ils refuseraient les soins notamment en réanimation, se sont sentis confortés par les propos du président de la République, voilà que la haine éclate au grand jour dans la lucarne.

 

  1. Les médias

Yves Calvi (BFMTV 11/01) qu’on avait connu extrêmement rigoureux dans ses analyses lorsqu’il présentait l’émission « C dans l’air », se montre depuis qu’il est sur BFM TV très agressif envers les gens qui ne sont pas de son bord, souvent à la limite de l’impolitesse. De cette posture journalistique il ressort qu’il semble de plus en plus macronien et soumis au pouvoir jusqu’à être un serviteur docile. Dans son émission du 11 janvier où était évoquée la grève des personnels de l’éducation nationale il a à peine entendu la représentante syndicale, mais surtout il n’a établi aucune possibilité d’un débat contradictoire notamment à la suite de l’intervention d’un pédiatre représentant de l’association de pédiatrie ambulatoire. Il apparaissait aux téléspectateurs que la grève du 13 janvier ne serait motivée que par une réaction infondée d’hostilité au nouveau protocole mis en place par le ministre de l’Éducation nationale.

Le lendemain, au JT de 20h Sur France 2 le reportage consacré à la grève des enseignants était un plaidoyer à charge puisque seuls les parents avaient la parole et que le travail du journaliste a consisté à montrer tous les désagréments que pouvait amener une grève ce que personne n’ignore. On voit bien la volonté du service de l’information de France 2 de soutenir la politique d’Emmanuel Macron et à travers elle d’apporter une complicité inconditionnelle avec la partie de la population la plus réactionnaire, la plus bourgeoise, la plus aisée culturellement et économiquement.

À peine chez Calvi a-t-on évoqué le fait que l’encadrement (chefs d’établissement, inspecteurs) se joint au mouvement, ce qui est exceptionnel dans l’histoire de cette institution. Mais, les deux journalistes n’ont apporté aucun élément de fond quant au malaise des enseignants qui dure depuis quatre ans et qui explique cette mobilisation exceptionnelle. Pourtant, comme l’indique le journal La Croix du 13 janvier : « Omicron, catalyseur du malaise enseignant ». Or c’est bien là l’origine de la grève comme le montre le Café Pédagogique : « La grève du 13 janvier devrait être majoritaire mais pourrait ne pas être un raz de marée. Ce qui la soutient ce n’est pas en priorité la gestion à la rentrée de la crise sanitaire. C’est le profond ressentiment des enseignants envers la façon dont le ministre dirige le ministère. Les enseignants ne se sentent ni écoutés, ni soutenus. Ils ont le sentiment de ne pas avoir de ministre pour les défendre dans l’opinion mais au contraire d’être confié à un politicien populiste courant après les voix. Ils demandent "une autre gestion de l’épidémie à l’École avec les moyens et les protections pour faire face à la crise en élaborant un protocole viable" ainsi que "les moyens humains nécessaires notamment par la création de postes via les listes complémentaires" ».

Ainsi, on voit bien la volonté médiatique de donner une image négative des enseignants et de les mettre, une fois encore, en opposition avec les parents.

 

  1. Les parents

Les parents d’élèves ont amplement été convoqués par ces deux médias majoritairement pour porter un plaidoyer défavorable aux enseignants créateurs de difficultés, perturbateurs de la vie des familles… Une antienne sans cesse diffusée sur les ondes de la lucarne. Ce discours péjoratif a été atténué sur France 2 parce que le micro-trottoir a laissé filer quelques propos de parents favorables aux enseignants, mais chez Calvi la parole des parents était portée par s par la plus conservatrice des fédérations d’associations de parents d’élèves dont le vice-président eut, une fois encore, ce mot merveilleux : « Il y a d’autres moyens [que la grève] pour se faire entendre », il ne lui aura sans doute pas échappé que dans la soirée c’est le Premier ministre qui a animé la rencontre avec les syndicats auxquels il a assez largement donné raison : donc... Dans un souci de vérité on aurait aimé entendre la position de l’autre fédération de parents d’élèves qui, elle, avait appelé les parents à suivre le même mouvement que les enseignants en n’envoyant pas leurs enfants à l’école. De la même façon les journalistes de ces deux médias auraient dû indiquer que la grève serait aussi suivie dans l’enseignement privé ce qui est exceptionnel, ainsi que par d’autres personnels que les enseignants.

On voit bien la posture médiatique : donner une image négative des enseignants, d’en faire des trublions qui n’auraient de cesse que de s’opposer au gouvernement et de protéger le confort professionnel qu’on leur suppose.

 

  1. Les bourgeois

Yves Calvi, le 11 janvier, avait invité un pédiatre membre de l’association de pédiatrie ambulatoire qui s’est montré particulièrement hostile aux enseignants. Il expliquait que prendre des décisions est un exercice particulièrement difficile pour les gouvernants en période de crise, qu’il faut comprendre que suivant l’évolution du virus ils sont amenés à changer souvent de stratégie et d’adapter les réponses : personne n’a prétendu le contraire. Là n’est pas la cause du malaise enseignant, ce que reprochent les enseignants est bien exprimé par Magali, professeure des écoles à Paris, qui, nous dit Le Café Pédagogique, fait grève comme 12 des 15 collègues de son école : « Ce qui ne va pas c’est le mépris que le ministre nous porte, avec par exemple un protocole qui change 3 fois en une semaine ou encore la formule « on ne fait pas grève contre un virus » ». En reproduisant le discours macronien, il reproche aux enseignants leur grève : « Ce n’est pas un mouvement de masse qui arrangera la situation » ; son intervention était un tissu de mauvaise foi qui n’avait visiblement d’objectif que d’approuver sans restriction et avec soumission le discours gouvernemental et d’opposer aux bonnes gens les trublions : enseignants comme non-vaccinés. Il rejoignait ainsi les propos d’Yves Calvi qui demandait à la représentante syndicale si les enseignants sont à part du reste de la population. La cerise sur le gâteau monté par Yves Calvi fut posée, le 12 janvier, par la directrice d’un laboratoire d’analyses médicales à Neuilly-sur-Seine qui évoquant la fatigue des personnels de son établissement suggérait fortement que les enseignants faisaient grève parce qu’ils sont fatigués.

Ces deux postures témoignent d’un mépris total pour les enseignants qui ne sont considérés que comme de la valetaille de service de laquelle on attend qu’elle soit à la besogne quelles qu’en soient les conditions et qu’elle se taise ; on est bien là dans la posture bourgeoise traditionnelle d’un mépris de classe si cher à Emmanuel Macron : « dans une gare on croise ceux qui ont réussi et ceux qui ne sont rien », pour lui un fonctionnaire ça travaille, ça se tait et ça se soumet.

 

  1. Entre hypothèse et conclusion provisoire

Il est bien évident qu’Emmanuel Macron et ses séides ne pouvant pas réitérer le coup du discours présidentiel qui massacrait les personnes non-vaccinées et annonçait qu’il allait continuer à les emmerder, il fallait trouver une autre voie pour opposer les bons : soumis à Macron, et les mauvais : opposants de toute obédience. Les médias serviles ont répondu à l’appel du chef en trouvant un nouveau bouc émissaire à jeter en pâture aux affidés de la doctrine présidentielle. Quoi de mieux que les enseignants qui décident d’une grève ! Ainsi, les deux émissions dont je parle ont savamment monté les éléments qui permettent à un large public de prendre les enseignants en détestation et de les rendre responsables du désordre non seulement dans les écoles mais plus largement dans la société : la grève empêchant les parents d’aller travailler elle risque de mettre en péril l’économie du pays… Or, comme l’écrit le média indépendant Le Vent se Lève : « En focalisant l’attention sur cette minorité de citoyens [les non-vaccinés auxquels il faut maintenant ajouter les enseignants], le gouvernement réalise d’ailleurs un autre coup politique : éviter d’aborder la question de la destruction de l’hôpital, du caractère liberticide des mesures prises au nom de la santé et des nombreux ratés et mensonges qui ont caractérisé sa « stratégie » depuis deux ans. »

Tout ça est bien lamentable et nous pouvons comme cette lectrice de La Croix (courrier des lecteurs du 14/01/22) être « à la fois surprise et attristée de lire ces lignes qui accusent les enseignants d’ajouter à la difficulté du moment alors même qu’ils pâtissent largement de protocoles sans cesse changeants, de mesures sanitaires défaillantes, d’injonctions ministérielles diffusées par les médias au dernier moment pour que les écoles restent ouvertes et ce, disons-le bien, au détriment du bon sens. » Rendons à Jupiter la propriété de sa faute et ne rentrons pas dans une ère où en opposant les uns aux autres on ne crée que de la haine.

 

 

 

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