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Publié par Jean-Jacques LATOUILLE

Nous attendions tous, à l’issue du conseil de défense sanitaire du 17 décembre, que le président de la République prenne des mesures fortes pour lutter contre l’avancée du variant Omicron. Que nenni ! Après la décision de début décembre de fermer les discothèques, une mesure d’ailleurs incohérente puisque les bars de nuits continuent à accueillir des clients jusqu’à 2 heures du matin, aucune mesure d’ampleur n’a été annoncée, le Premier ministre, adoptant le ton paternaliste et condescendant des marionnettes du Muppets Show, a invité chacun à faire preuve de responsabilité en évitant les rassemblements, en limitant le nombre de convives à table, en mettant en œuvre les gestes barrières, etc.

La problématique est pourtant simple. Nous sommes en présence d’un variant du virus dont on sait qu’il se propage très vite, qu’il est plus contagieux que les variants plus anciens, mais, et c’est une chance, il semble qu’il ne provoquerait que très peu de formes graves d’infection mis à part le cas des personnes atteintes de pathologies reconnues comme « comorbides ». Donc la stratégie de lutte contre Omicron consiste en premier lieu à éviter sa propagation, d’autant qu’il semble désormais établi que la vaccination « à deux doses » n’empêche pas une infection dont la gravité est variable suivant l’état de santé des personnes et l’ancienneté de leur vaccination. Plus leur deuxième injection est lointaine moins elles sont immunisées, ce n’est là que la connaissance basique de tout biologiste ou médecin.

Alors, bien sûr il faut accélérer le « rappel » vaccinal (ou troisième dose), et le Premier ministre a annoncé avec pertinence qu’on augmentera le nombre de centres de vaccination, bien qu’on ne sache pas où ni avec quel personnel, ni avec quelles doses puisque déjà les médecins de ville ne savent jamais s’ils vont être livrés, et que le délai entre la deuxième dose et le rappel sera raccourci. Cette campagne de vaccination est indispensable, mais ses effets ne se feront pas sentir avant plusieurs semaines, au mieux pas avant la fin du mois de janvier. Pendant ce temps Omicron attaque, y compris des personnes déjà vaccinées avec 3 doses : il apparaît que la troisième dose n’empêche pas d’être atteint par la CoViD, elle ne permet que d’éviter les formes graves.

En complément du rappel de vaccination le gouvernement souhaite mettre en place un Passe Vaccinal qui remplacerait l’actuel Passe Sanitaire. Le projet de loi ne sera pas étudié en Conseil des ministres avant le 5 janvier puisque les ministres vont partir en vacances ; on s’interroge sur l’opportunité de ne pas rester au travail alors qu’il y a urgence et que E. Macron nous disait en mars 2020 que nous sommes en guerre : quelle conception de la guerre qui autoriserait les congés pour les soldats alors que l’ennemie est à l’offensive. Ce Passe Vaccinal arrivera bien trop tard pour qu’il ait une quelconque efficacité sur l’avancée d’Omicron.

Comme le disait, à propos des écoles, le professeur Flahault, sur BFM TV dimanche 19 décembre, arrêtons de mettre la poussière sous le tapis ! Une fois encore, bien sûr les mesures prises par le gouvernement : accélération de la vaccination de rappel et Passe Vaccinal, sont indispensables, mais leurs effets seront trop tardifs. Alors, en attendant, il fallait prendre des mesures de restriction des déplacements et des rassemblements comme la limitation des voyages aériens sauf raison impérative et la fermeture des lieux de rassemblement (bars, restaurants, salles de spectacle et de sport, commerces…) à 23 heures au plus tard.

Bien sûr de telles mesures sont vues comme attentatoires au droit au plaisir des personnes, mais vaut-il mieux se cracher du virus à la figure dans un bar ou risquer d’échapper, soi et les autres, au virus ? Pour une raison analogue, parce que ça gêne, on n’a pas rendu obligatoire le télétravail ne serait-ce que deux ou trois jours par semaine ce qui aurait pour effet de limiter les rassemblements dans les transports en commun, dans les cantines et les bureaux où on sait que le port du masque est nettement insuffisant comme moyen de protection.

Mais, sans doute en raison de la proximité de l’élection présidentielle, le chef de l’État ne veut pas prendre le risque de déplaire, et il n’est pas le seul. Aux extrêmes de l’édifice politique qui n’entendons-nous pas nous expliquer qu’il vaut mieux risquer la mort plutôt que de se faire vacciner, plutôt que d’avoir à montrer un Passe Vaccinal ; c’est une propagande électorale à bas pris qui in fine méprise les gens sous couvert de défendre la liberté. Sans doute n’ai-je pas compris qu’il vaut mieux être mort mais libre plutôt qu’en vie en abandonnant une part de sa liberté individuelle au profit, de surcroît, du bien-être de tous. Beau sujet de philo pour le baccalauréat 2022, si nous y arrivons.

Comme il ne saurait être question qu’E. Macron endosse la responsabilité d’un échec de sa pseudo-stratégie de lutte contre la pandémie, il a mis en place une politique du bouc émissaire : haro sur les non-vaccinés. Tout serait de leur faute ! Force est de constater que 80 % des malades en réanimation pour cause de CoViD sont des personnes non-vaccinées ; mais qui sont les autres 20 % ? Livrons-nous à un petit calcul : il y a environ 6 millions de personnes non-vaccinées (sans compter les enfants), sur la base de 2900 hospitalisations en réanimation si 80 % sont des non-vaccinés les hôpitaux n’accueillent que 2320 personnes non-vaccinées, ce qui ne représente que 0,04 % des personnes non-vaccinées. Alors le degré de responsabilité des personnes non-vaccinées dans la transmission de la maladie serait-il proche de 0,04 % du risque de transmission ce qui serait nettement inférieur au potentiel de transmission par les enfants ou des 15-30 ans. Trêve de plaisanterie, la vaccination est indispensable et aurait dû être obligatoire dès qu’on savait pouvoir disposer de suffisamment de doses, pour autant il est extrêmement malhonnête de se cacher derrière ce phénomène social qu’est le refus de la vaccination, par ailleurs bien documenté par la science depuis longtemps, pour masquer l’indigence d’une stratégie de lutte contre la pandémie.

De la même façon, mais plus malicieusement, E. Macron suivi par de nombreux médecins comme pour la dénonciation précédente, en appelle à la responsabilité des personnes : si nous atteignons une 6ème vague vous en seriez les seuls responsables parce que vous n’auriez pas pris suffisamment de précautions ! Alléluia, Dieu n’est jamais responsable !

Alors on nous explique, comme l’a fait une cheffe de service d’infectiologie sur BFM TV dimanche 19 décembre, qu’il est difficile de mettre en place des mesures de restriction car il faut pouvoir en contrôler l’application. On se demande dès lors qu’elle sera l’efficacité du futur Passe Vaccinal, et plus généralement que se passe-t-il par exemple pour l’application du Code de la route. Être médecin ce n’est être, d’évidence ici, ni philosophe, ni sociologue ni juriste.

En attendant foin de critiques stériles, après tout chacun peut donner une opinion même mal éclairée, et constatons qu’une fois de plus E. Macron nous embobine et joue les charmeurs à deux balles. Oyez, oyez braves gens allez vers les plaisirs, suivez la route ouverte par celui qui vous a promis des miracles et risquez de mourir au bout du chemin mais en silence puisque vous serez seuls portés responsables de votre mort que vous soyez vaccinés ou pas ! La seule parole de Jupiter vaut toutes les stratégies raisonnables.

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