Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Publié par Jean-Jacques LATOUILLE

À prime abord lorsqu’on analyse la stratégie gouvernementale de lutte contre la pandémie de CoViD on voit un manque de compétences, une absence d’intelligence qui confère avec de l’impéritie. Loin de tout cela, pour Emmanuel Macron il s’agit moins de mettre en place une vraie et efficace stratégie de lutte contre le virus qu’une stratégie électorale. Cette stratégie repose sur deux piliers.

Le premier consiste à préserver les services de réanimation d’une surcharge qui aurait un impact d’image extrêmement négatif alors que sa politique sanitaire a continué à fermer des lits. Alors il mise tout sur la vaccination dont on sait que si elle ne permet pas d’éradiquer le virus, elle permet de limiter les cas graves nécessitant de longs séjours en réanimation. Peu importe que le nombre de malades augmente entraînant des arrêts maladie nombreux qui invalident l’économie comme en Grande Bretagne, peu importe que de nombreux malades soient hospitalisés, saturent les services et accaparent un personnel en nombre insuffisant et fatigués obligeant à repousser des opérations et des hospitalisations pour d’autres pathologies. Le premier principe de cette stratégie est de ne pas donner à voir des services de réanimation débordés. Mais E. Macron a oublié (ou ne veut pas voir) que le variant Omicron infecte aussi les gens vaccinés et croit à la belle étoile qui l’a accompagné jusqu’à l’Élysée en 2017.

Le deuxième pilier de la stratégie d’E. Macron, pour préserver son capital de séduction électoral, repose sur une volonté farouche de ne pas déplaire au public en prenant des mesures contraignantes. On l’a vu reculer sur l’obligation du Passe Vaccinal dans les entreprises, comme il a fermé les discothèques mais pas les bars de nuit, etc.

Cette stratégie, si c’en est une, est à bien courte vue, or on ne jugule pas une pandémie sans penser à plus loin que demain ce qui demande de faire preuve d’une bonne dose de raison et de penser les choses. Il semble bien que la CoViD stérilise la capacité de pensée de bon nombre de personnes parmi les édiles et les médecins.

Ainsi, je l’ai déjà écrit, telle cheffe d’un service d’infectiologie parisien qui se montrait défavorable à l’instauration de mesures de restriction car il faut pouvoir en contrôler l’application. Que ne s’est-elle rendu compte que malgré certaines situations de non-respect des consignes, dans sa très grande majorité la population applique les consignes parce qu’elle sait que c’est dans son intérêt. Comment pense-t-elle la société ?

De la même façon il faut épingler ce président d’une association de maires qui sur les antennes de France Info fustigeait les non-vaccinés en insistant sur le fait qu’ils sont, eux seuls, responsables de la situation actuelle. Que de bêtise, bien sûr il faut se vacciner mais pourquoi n’avoir pas rendu la vaccination obligatoire si ce n’est pour ne pas déplaire. E. Macron n’a jamais dit que la vaccination avait un intérêt collectif, il s’est contenté de dire que la vaccination avec le Passe Sanitaire permettraient de continuer à pouvoir fréquenter les lieux de loisirs. Alors ne reprochons pas aux non-vaccinés d’exercer un choix ; en outre depuis deux ans les élus et les administrations n’ont toujours pas mis en place une logistique de proximité qui permettrait de porter le vaccin au domicile de certains, plus nombreux qu’on le dit, à ne pas pouvoir se déplacer vers un centre de vaccination voire seulement chez un médecin ou un pharmacien pour des raisons de mobilité ou à cause de difficultés à percevoir la nécessité d’être vacciné. Surtout, ce Maire à la pensée courte oublie que dans cette pandémie la vaccination, notamment avec le variant Omicron, n’empêche pas la propagation du virus pas plus qu’elle évite totalement d’être infecté, en outre il oublie que si dans les pays riches la vaccination concerne environ 80 % de la population, elle ne dépasse pas 10 % dans les pays pauvres. Alors cessons de dire que c’est à cause des non-vaccinés que la pandémie continue son œuvre ! Il y a d’autres choses à faire que de jouer les délateurs et de fustiger sans savoir le fond de la vie des gens ceux qui ne se vaccinent pas alors que la vaccination n’est pas obligatoire.

Le syndrome de la pensée courte assaille aussi les célébrités médicales comme cette pédiatre, aujourd’hui âgée de 80 ans et à qui le collectif SOS homophobie avait décerné en 2004 « la noix d’or de l’homophobie », et qui sur un plateau d’une chaîne d’information en continu vint nous expliquer qu’il ne faut pas vacciner les enfants au seul prétexte que dans son cabinet parisien elle n’a pas vu un seul cas de CoViD depuis deux ans. Cela voudrait dire que les médecins hospitaliers, les épidémiologistes, les autorités sanitaires mentent, ou plus simplement qu’il s’agirait pour elle à l’image médiatique un peu effacée de faire le buzz. Dans le même registre d’une pensée courte d’où est absente toute analyse de la littérature scientifique cette psychologue qui, sur la même chaîne, venait expliquer que le port du masque est extrêmement traumatisant pour les enfants et qu’en le leur imposant la société prend le risque de fabriquer des adultes dépressifs. On ne sait pas sur quoi repose sa « science » hormis les enfants qu’elle a reçu en consultation dont elle ne nous dit pas combien présentent des troubles anxieux à cause du masque. Ce qui provoque les plus d’anxiété chez les enfants c’est la façon dont ils « pompent » celle de leurs parents et les discours ambiants. Plutôt que de ne pas vacciner les enfants, plutôt que de ne pas imposer le port du masque alors qu’on sait très bien qu’ils sont des vecteurs importants du virus voir les principaux vecteurs dans le cas d’Omicron, ayons avec eux un discours intelligent dans lequel on explique ce qu’est la maladie et que les mesures prises le sont pour leur éviter d’attraper la maladie et pour tenter d’éradiquer la pandémie. Cessons aussi de fabrique de la fake news à partir d’expertises de bazar à la scientificité non fondée ; il y a des discours, en raison de leur impact, qui ne sont plus de simples opinions.

C’est dans le même ordre d’idée d’une liberté vaccinale absolue et du rejet de toute contrainte que s’inscrivent certaines-s politiciennes-s arguant du respect de la liberté de chacun. Que ne font-ils pas de même pour la ceinture de sécurité en voiture, pour les feux de signalisation routière qui restreignent nos libertés ; pourquoi n’attaquent-ils pas l’obligation vaccinale pour les voyages vers certains pays ; pourquoi ne remettent-ils pas en cause la vaccination, avec 11 vaccins, des enfants et pourquoi ne remettent-ils pas en cause l’obligation d’instruction voulue par Jules Ferry en 1881 ? Ce sont autant de restrictions de la liberté individuelle qui constituent du liant social et obligent, a minima, à prendre l’Autre en considération. On ne peut pas faire son nid électoral sur autant de bêtise et de démagogie.

Un leader écologiste s’insurgeait récemment sur le fait que le gouvernement n’ait pas encore rendu obligatoire l’installation de capteurs de CO² dans les salles de classe. Où vit-il ? S’il avait réfléchi il se serait peut-être souvenu que ce sont les collectivités territoriales qui sont propriétaires des locaux scolaires donc, même si le gouvernement peut imposer cette norme, c’est sans doute vers les collectivités que le courroux de cet élu doit se tourner ; en outre avant d’installer ces appareils apprenons à aérer régulièrement les locaux car savoir que l’atmosphère est saturée en CO² ne suffira pas à renouveler l’air d’une pièce. Cet écologiste pragmatique manque de beaucoup de bon sens pour que son pragmatisme puisse être crédible et efficace.

Cette « pensée courte » n’est peut-être qu’un symptôme. Celui d’une société où l’idéologie la plus basique, celle qui consiste à faire que la vérité ne soit pas le réel mais ce qu’on a décidé que le réel doit être. On est dans l’illusion et la mystification permanentes et plus ou moins inconscientes des « idéalistes » qui construisent un réel étranger à la réalité, qui comme l’écrit Marcel Gauchet qui « font de la réalité la manifestation extérieure de l’idée ». Peu importe la réalité pourvu que l’image que je construis et donne à voir soit moi et qu’elle flatte les gens à qui je la montre afin qu’ils votent pour moi, afin qu’il achète mon livre…

Et c’est ainsi que depuis deux ans la France a toujours une guerre de retard dans la lutte contre la pandémie de CoViD et que l’on passe plus de temps à réparer ce qu’on aurait pu prévenir à moindres frais.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article